Un mouton dans une boîte
Fictions et imaginaires de l’œuvre à sa critique
Quel type de collaboration peut naître de la rencontre entre un jeune photographe et un jeune historien de l’art autour de l’œuvre et de son discours, du discours sur l’œuvre au discours à l’œuvre ?
À cette question posée par la première université d’été réunissant les doctorants en histoire de l’art de l’université Paris I et les jeunes diplômés de l’ENSP Arles en juillet 2011, nous avons répondu par un projet dont le livre-objet que vous tenez entre les mains est à la fois l’aboutissement et le prologue.
À sa source, l’envie très forte de questionner ensemble le potentiel fictionnel d’un texte dont ce n’est pas l’enjeu : la critique d’art.
Sous-entendu, le désir de débusquer les phénomènes d’interprétation, de modification et de translation qui s’opèrent de l’œuvre à sa critique et de la critique à l’œuvre, le projet devant permettre d’interroger les rapports qu’entretiennent les mots et les images dans la création et la diffusion d’un travail photographique, à travers la construction par le public d’un imaginaire de l’œuvre faisant retour sur la production de l’artiste.
Impliquée, enfin, la volonté d’inventer un protocole à géométrie variable, ludique et ouvert à l’altérité.
De ce faisceau désirant, un processus expérimental a peu à peu émergé, dont les différentes étapes ont été les suivantes :
« Créer » : Produire une œuvre photographique. Il s’agit de l’ensemble Restes, réalisé par Lilie.
« Apprivoiser » : Rédiger une critique de cette œuvre. C’est le texte Passages, de Laureline.
« Décris-moi une photo » : Envoyer cette critique à des personnes n’ayant jamais vu l’œuvre initiale, en les invitant à nous décrire par des mots, des images ou des sons, les photographies qu’elles imaginent à partir de ce texte.
« Rebondir » : Réaliser de nouvelles photographies, à partir des réponses obtenues. Il s’agit de la série Tutte le coses assenti, créée par Lilie.
Ce que contient l’objet que vous venez d’ouvrir, ce sont donc les éléments de cette correspondance à plusieurs mains, rassemblés par étapes. Intitulé Un mouton dans une boîte – en référence à Saint-Exupéry auquel nous semblait renvoyer la phase d’intervention du public, ce livre-objet a été conçu comme une chambre d’échos au travail de Lilie et au projet qui en est résulté, téléphone arabe dont cet ouvrage est une cristallisation éphémère, soit une nouvelle étape. Sa conception vous laisse ainsi libre d’en déplacer les éléments, d’en disposer à votre guise pour en modifier les arrangements selon les liens que vous ferez naître entre eux, quand, dans le même temps, toute manipulation entraînera leur modification par les traces, les empreintes, les griffures que vous ne pourrez manquer de laisser à leur surface, celles-ci vous marquant en retour dans un échange de poussières d’encres.
Puisqu’il est une invitation à jouer, il est temps pour nous de vous laisser vous en emparer. En espérant qu’il demeure – à travers vos propres expérimentations – une source de partages, de questionnements, de créations et d’étonnements sans cesse renouvelés.
Laureline Meizel & Lilie Pinot
Historienne de l’art – Photographe
A. de Saint-Exupéry, Le Petit Prince.
Remerciements
Les auteurs tiennent à témoigner toute leur reconnaissance à l’ensemble des contributeurs de cet ouvrage. Sans leur enthousiasme, leur disponibilité et leur imagination, ce projet ne serait guère plus qu’une boîte vide.
Que soient ici chaleureusement remerciés, pour leur collaboration :
Marion Alluchon
Samuel Boche
Paolo Didier
Loraine Drescher
Jessica Hervo
Julien Nicollet
Camille Paulhan
Gwenaël Pouliquen
Gilles Ribero
Matthieu Rosier
Septembre Tiberghien
Léang Seng
Que soient également remerciés, pour avoir impulsé ce projet, les organisateurs de la première université d’été réunissant l’université Paris I (ED441) et l’école nationale supérieure de la photographie d’Arles, ainsi que l’ensemble des participants, pour leur attention et leur accueil enthousiaste.
